Gaza, inventaire d’un patrimoine bombardé

Dénomination

• Translittération :
• Arabe : مسجد الظفر دمري
• Autres transcriptions : Al-Zufurdimri – Zofor Domri – Al-Dhafar Damri – Al-Thafar Damri – et également connue localement sous le nom de Qazmari. al-Quzdumri ou al-Quzzumri

Localisation

Gaza, quartier de Shajaiya

Description détaillée du site avant destruction

La mosquée Al-Zafar Damri fut construite pendant la période mamelouke sur décision du prince mamelouk éponyme Al-Thafar Damri vers 1360 alors que le quartier de Shajaiya connaît sa période la plus prospère en partie grâce à la fabrication de vêtements. Elle abrite le tombeau de son fondateur le Prince Al-Thafar Damri. Une inscription signale une rénovation ou extension en 1498, date après laquelle elle ne semble plus avoir été modifiée jusqu’au XIX^e quand elle est entièrement rénovée.

Lors du premier conflit mondial la ville de Gaza est le point d’appui de la ligne de défense turque face aux britanniques. Après deux assauts infructueux (mars et avril 1917) une nouvelle offensive est menée à l’automne. La ville est alors l’objet d’intenses bombardements terrestres et navals (auxquels participent le cuirassé français Le Requin accompagné de cinq canonnières) d’une dizaine de jours (25 octobre- 6 novembre 1917). Lorsqu’après l’évacuation menée par la garnison turque les troupes du Commonwealth (Principalement britanniques, australiennes et néo-zélandaises) prennent possession de la ville, à l’exception des fortifications pratiquement intactes, la cité est en grand partie anéantie, la mosquée Al-Zufurdimri n’y échappe pas.  

C’est sous le mandat britannique (1920-1947) qu’elle est reconstruite, non sans modification tel l’ajout de deux Iwans sur la cour de la mosquée, ainsi que, dans la partie nord de la mosquée, une bibliothèque et la pièce du tombeau d’Al-Thafer Damri. Malgré les violentes destructions de 1917, de nombreux ornements et inscriptions datant des xiv^e-xv^e siècles figurent encore sur le bâtiment. Nombre d’entre eux sont reproduits dans l’ouvrage de Mohamed-Moain Sadek, Die mamlukische Architektur der Stadt Gaza, publié en 1991.

Peu après sa mise en place en 1994, l’administration de l’autorité palestinienne décide de faire paver la cour, et ajouter une entrée et un minaret. Au cœur du quartier de Shajaiya la mosquée est à proximité de la gare de Gaza, jouxtant des immeubles d’habitation et face à un stade. Légèrement en contrebas de la rue, elle a pour dimensions 24 m x 26 m et peut accueillir jusqu’à 800 fidèles.

Sources bibliographiques

Grainger JD, The Battle for Palestine 1917, Boydell & Brewer, 2006.

Sadek Mohamed-Moain, Die mamlukische Architektur der Stadt Gaza, Berlin, Klaus Schwarz Verlag, 1991, p. 152-160, 580-588.

Taghreed Ali, « Gaza’s venerable Al-Thafar Damri Mosque is a reminder of the prestigious history of the Islamic civilization during the Mamluk period », sur le site d’information en ligne Al-Monitor, février 2021.

Sources iconographiques (avant destruction)

Plan du site

Etat du site actuel

• Source :  liste UNESCO n°7, mise à jour 21 février 2024
• Autres sources publiées : @RiwaqPalestine, 13 mars 2024
• Date des dommages : ?
• Nature des dommages (combat, bombardement, destruction totale, bulldozer, incendie, pillage, minage) : ?

Sources iconographiques (depuis destruction)

Préservation, sauvegarde, restauration prévue ou en cours

• Rénovation antérieure, programme de rénovation en cours à l’automne 2023
  Reconstruite après la Première Guerre mondiale, près d’un siècle plus tard, la mosquée Al-Zafar Damri a été gravement endommagée pendant la guerre de l’été 2014 (8 juillet-26 août) y compris son extension récente (2010) accueillant une nouvelle bibliothèque. Une restauration tentant de préserver les détails architecturaux de l’ancienne ère mamelouke a été réalisée en 2015 grâce aux dons de bénévoles.
  
• Intervention d’urgence
• Programme de rénovation possible

Dénomination

• Translittération : Sīnima Sāmir
• Arabe : سينما السامر
• Autres transcriptions : Cinéma Samir, al-Samir, as-Samir, Samer, Sameer

Description détaillée du site avant destruction

Plusieurs cinémas ont ouvert à Gaza durant les années 1940, à l’initiative du maire Rashad al-Shawā. Selon l’historien ‘Ārif ‘Ārif, le cinéma Samir est construit par Rashad al-Shawā, le futur maire, lui-même et son associé Ghālib Al-Nashāshībī qui construisent le cinéma Samir, après avoir d’abord ouvert un cinéma en plein-air.

Le cinéma est construit sur une parcelle de 2 300 m² en forme de trapèze dont la base étroite donne, au sud, sur une artère importante, la rue ‘Umar al-Mukhtār, tandis que le côté plus long donne, au nord, sur une rue secondaire à l’arrière. Le bâtiment rectangulaire est disposé de façon à créer deux places triangulaires sur chacune des deux rues. Il lui est ultérieurement ajouté une tour de style Art Déco qui en fera un point de référence dans le paysage urbain de la ville. Cela rappelle volontairement l’architecture du Chrysler Building (1929) ou de l’Empire State Building (1931) de New York et d’autres buildings états-uniens.

L’historien Abaher el Sakka a pu consulter les plans et dessins concernant le cinéma dans les archives de la ville de Gaza et nous en propose la description. Les plans soumis aux services d’urbanisme de la ville le 12 mars 1940 pour l’obtention du permis de construire révèlent l’exigence des services de l’urbanisme, note-t-il. Le dossier comprend en effet des plans d’implantation, des plans de coupe, des dessins des façades ainsi que des plans du système d’évacuation des eaux relié à celui de la ville. Ils révèlent la modernité du fonctionnement de la municipalité. Les services de l’urbanisme ont par la suite vérifié la conformité de la construction du bâtiment et suivi les modifications apportées au bâtiment, comme l’ajout de la tour ou les modifications de la façade au fil du temps. Dans le cinéma, une grande attention était portée à la décoration de style moderne, notamment avec les carreaux aux motifs de fleurs simples ou blanc et gris (style dit « shaḥm wa laḥm », « persillé »). La salle de cinéma proprement dite était semblable à une barque renversée avec des murs inclinés soutenus par des colonnes et des arcs-boutants qui n’étaient pas sans rappeler le style gothique. La plafond disposait d’ouvertures en son milieu et à l’endroit où il rejoignait les murs pour permettre la circulation de l’air.

Sources bibliographiques

• Abaher el-Sakka, article à paraître « Le rôle des cinémas dans la ville de Gaza : des repères dans le paysage social urbain » [en arabe], article à paraître, aimablement communiqué par l’auteur.
• ‘Ārif ‘Ārif, Histoire de Gaza [en arabe], Edition Aḍwā’ as-Salaf, Riyadh (Arabie Saoudite), s.d.
• Article du journal Al-Quds, 4 février 2015 « Les salles de cinéma de Gaza qui ont connu l’âge d’or ont maintenant des araignées sur leurs murs » [en arabe]  [consulté le 1^er septembre 2024]
• Article du  journal al-Araby, 11 janvier 2019 « Fin de séance. Gaza est sans cinéma depuis 32 ans » [en arabe]  [consulté le 1^er septembre 2024]

Sources iconographiques (avant destruction)

Plan du site

État du site actuel

• Source : liste UNESCO mise à jour le 8 mars 2024
• Date des dommages : ?
• Nature des dommages (combat, bombardement, destruction totale, bulldozer, incendie, pillage, minage) : ?

Sources iconographiques (depuis destruction)

Préservation, sauvegarde, restauration prévue