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n° 099 – Université islamique de Gaza

Dénomination

  • Translittération : al-Jāmiʿa al-Islāmiyya bi-Ghazza
  • Arabe : الجامعة الإسلامية بغزة
  • Autres dénominations : Islamic University of Gaza

Localisation

Localiser l’Université islamique de Gaza sur la carte interactive.

Description détaillée du site avant le 7 octobre 2023

Le 6 novembre 1978, la première université de la bande de Gaza est inaugurée. L’Université islamique de Gaza (UIG), fondée par l’Institut Al-Azhar pour les études religieuses à Gaza issu de l’Université Al-Azhar au Caire, accueille ses premiers étudiants qui devaient jusqu’alors se rendre en Égypte pour faire des études.

Le premier conseil d’administration, présidé par Sheikh Muhamad Awaad, dédie dans un premier temps l’établissement à l’enseignement du droit, de la sharīʿa (droit islamique) et de la langue arabe. En 1979, l’institution obtient à ce titre l’autorisation des autorités israéliennes de délivrer un diplôme d’un an sans pour autant qu’elle ne soit reconnue comme université. Ces autorités la désignent alors sous le nom de « Département d’enseignement supérieur – Al-Azhar ». Conformément à la décision israélienne, l’Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient refuse également de reconnaître les diplômes et les diplômés de l’IUG. L’université reçoit néanmoins la reconnaissance et le soutien d’institutions comme l’Association des universités arabes dès 1980.

Durant la première année académique 1978-1979, l’UIG accueille 25 étudiants et étudiantes encadrés par cinq enseignants. Les cinq premières années d’enseignement se déroulent sous tentes, ce qui vaut à l’UIG le surnom d’« université des tentes ». Face à l’augmentation du nombre d’étudiants dans les années 1980 et malgré les restrictions imposées par l’occupation, l’UIG poursuit l’enseignement sous tentes, dans des mosquées ou des bâtiments existants. En 1982, les tentes sont abandonnées au profit de deux campus distincts pour hommes et femmes constitués de baraquements. L’UIG obtient la même année l’autorisation de l’administration israélienne de délivrer des diplômes en quatre ans, sans pour autant qu’ils ne soient officiellement reconnus. En 1984, elle obtient l’autorisation de construire de nouvelles infrastructures en dur pour remplacer les baraquements. En 1987-1988, l’Université compte 4 504 étudiants.

Les désaccords idéologiques entre nationalistes laïcs et religieux dont les années 1980 sont le théâtre se manifestent au sein de l’UIG par des affrontements parfois violents entre étudiants, causant des dommages matériels — à certains bureaux et équipements — et perturbant à plusieurs reprises les cours.

L’université est officiellement fermée durant la première Intifada entre 1988 et 1992 par les autorités israéliennes qui l’accuse d’entretenir des liens étroits avec le Hamas et dans une moindre mesure avec le Fatah. Malgré des conditions sécuritaires et financières difficiles, des cours sont assurés dans des maisons, des mosquées, des clubs et des espaces publics. Dans ce contexte, le nombre d’étudiants chute à 358 en 1988-1989, plus de quatre fois moins que l’année précédente.

Un an après la réouverture officielle de l’UIG en 1992, les accords d’Oslo, entrés en vigueur le 13 septembre 1993, entraînent la reconnaissance de l’UIG par l’UNRWA en octobre 1993, par l’Autorité nationale palestinienne (ANP) en juin 1994. L’université passe alors sous la tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur de l’ANP et devient membre du Conseil de l’enseignement supérieur palestinien en 1996 – ouvrant la voie à la construction de nouveaux bâtiments, à l’ouverture de nouvelles facultés et départements ainsi qu’à la reconnaissance de ses diplômes.

Après le début de la deuxième Intifada en 2000, la bande de Gaza est divisée en trois zones, rendant difficile la mobilité des étudiants et enseignants. L’université entreprend la construction d’un nouveau campus dans le sud de Gaza afin de faciliter l’accès à l’éducation aux étudiants isolés. En septembre 2004, elle inaugure une faculté dédiée à la Technologie de l’information.

La victoire du Hamas en 2006 exacerbe les conflits avec le Fatah, entraînant une division politique majeure entre Gaza et la Cisjordanie. Lors d’affrontements entre des militants du Hamas et du Fatah, une offensive de la garde présidentielle endommage des infrastructures de l’UIG le 2 février 2007. À la suite à ces incidents, l’ANP suspend son soutien à l’IUG jusqu’en 2014. La direction de l’UIG obtient néanmoins des financements de la Banque islamique de développement pour restaurer les bâtiments endommagés.

L’agence états-unienne USAID subventionne par ailleurs l’UIG depuis 2003 à hauteur d’environ 900 000 $. Mais accusée de soutenir une institution affiliée au Hamas – désigné comme organisation terroriste par le ministère des Affaires étrangères états-unien – (The Chicago Tribune, 12/12/2007, The Washington Times, 04/03/2007), un rapport d’audit de l’agence en 2007 affirme que l’agence a manqué de vérifier la non-affiliation des bénéficiaires des subventions à une organisation terroriste, conformément à la législation états-unienne. Aussi, USAID aurait interrompu le financement de bourses étudiantes et de certains projets de construction.

En 2008, elle inaugure l’École de médecine et achève la construction d’autres infrastructures telles que des bâtiments, des laboratoires et des jardins. Deux bâtiments sont érigés : l’un pour la faculté de Médecine et l’autre pour les facultés d’Ingénierie et de Sciences, comprenant 74 laboratoires mis à disposition de celles-ci ainsi que la faculté de Technologie de l’information.

Les attaques israéliennes contre Gaza de décembre 2008-janvier 2009, provoquent notamment la destruction du bâtiment des facultés de Sciences et d’Ingénierie de l’UIG, ainsi que de ses 74 laboratoires et équipements. Après cette guerre, la Banque islamique de développement finance la reconstruction des laboratoires et bureaux détruits dans ces deux facultés. Par ailleurs, avec le soutien financier de la Prince Claus Fund Institution, le Centre du patrimoine architectural de la faculté d’ingénierie de l’UIG est réhabilité, son objectif principal étant la consolidation et la préservation de cinq bâtiments historiques à Gaza (site de l’UIG, 2009).

En 2010, une nouvelle phase de construction et de développement commence avec le lancement du projet de « Medical City » qui inclut la construction d’un grand hôpital, de bureaux, de salles de classe et de laboratoires, et d’autres infrastructures. Ce projet, inauguré en 2016, est entièrement soutenu par le gouvernement turc. En 2012, le projet de construction Irada destiné à la réhabilitation des victimes de guerre handicapées, est également inauguré au sein de l’UIG grâce au soutien financier de la fondation turque TIKA et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

En 2014, l’offensive israélienne endommage ou détruit diverses infrastructures éducatives de Gaza, y compris l’UIG. Un rapport de l’UNESCO, publié en 2015, évalue les dommages et destructions des bâtiments, installations et équipements des établissements d’enseignement supérieur (EES) à plus de 16 millions de dollars, dont environ 4 millions de dollars pour l’UIG. En 2021-2022, l’université compte plus de 17 800 inscrits dans dix facultés différentes et comptabilise 87 487 diplômés cumulés (site de l’UIG, sd).

Sources bibliographiques

  • AL-SINNUWĀR Zakariyyā Ibrāhīm, MUṬAYR Rāʾfat Ḥusayn, Tārīkh al-Jāmiʿa al-Islāmiyya bi-Ghazza khilāl thalāthīn ʿāman 1978-2008 [Histoire de l’Université islamique pendant trente ans. 1978-2008], Gaza, Maktabat Dār al-Arqam, 2009.
  • AL-ʿĀJIZ Fuʾād, Taṭawwur al-Taʿlīm al-ʿĀmm fī Qiṭāʿ Ghazza, [Développement de l’éducation publique dans la bande de Gaza], Gaza, Maktabat Dār al-Arqam, 1996.
  • El-NAMROUTI Said Ahmed Yousif, « Leadership and Resilience at the Islamic University of Gaza, 1978-2012 »[Leadership et résilience à l’Université islamique de Gaza, 1978-2012],thèse de doctorat, Université du Witwatersrand, Johannesburg, avril 2016 (en ligne).
  • El-NAMROUTI Said Ahmed, « Growing, in spite of: The story of the Islamic University of Gaza, 1977-2013 », Helen Suzman Foundation, sans date.
  • EL SAKKA Abaher, « Les universités palestiniennes : entre hiérarchisations académiques et attente sociale », Hérodote, vol. 168, no 1, 12 février 2018, p. 141-150.
  • HABEEB Akram, NEWMAN Marcy, « Rebuilding the Islamic University of Gaza » [Reconstruire l’Université islamique de Gaza], Electronic Intifada, 16 février 2009 (en ligne : consulté le 10 janvier 2025).
  • MILLER Lloyd J. (inspecteur général régional), Audit of USAID/West Bank and Gaza’s Assistance to Al-Quds University, the Islamic University in Gaza, and American Near East Refugee Aid [Audit de l’USAID/West Bank and Gaza à l’Université Al-Quds, à l’Université islamique de Gaza et à l’American Near East Refugee Aid], Le Caire, United States Agency International Development, 2007.
  • RABAIA Ibrahim S.I., HABASH Lourdes, « The Hidden War on Higher Education: Unmasking the “Educide” in Gaza », Project on Middle East Political Science, 18 avril 2024 (en lign consulté le 10 janvier 2025).
  • SULLIVAN Antony T., « Palestinian Universities in the West Bank and the Gaza. Strip », The Muslim World, vol. 84, no 1-2, avril 1994, p. 168-188.
  • « An Agreement with Prince Claus Fund Institution to rehabilitate Architectural Heritage Center, at IUG – الجامعة الإسلامية بغزة », sur site de l’Université islamique de Gaza, 29 avril 2009 (en ligne, consulté le 10 janvier 2025).
  • « Lamḥa tārīkhiyya » [Une brève histoire], sur site de l’Université islamique de Gaza, sans date (en ligne, consulté le 27 décembre 2024).
  • Rapid Assessment of Higher Education Institutions in Gaza [Évaluation rapide des établissements d’enseignement supérieur à Gaza] UNESCO en collaboration avec Enabling Education Network CIC (EENET), rapport, 2015.

Sources iconographiques avant le 7 octobre 2023

Les premiers cours de l’UIG se déroulèrent sous tente, archive de 1980. Source : Said Ahmed El-NAMROUTI, Growing, in Spite of: The Story of the Islamic University of Gaza, 1977-2013, Helen Suzman Foundation, sd.
Des bâtiments amiantés ont remplacé les tentes, campus des femmes de 1983 à 1995. Source : Bureau des relations publiques de l’UIG, dans Said Ahmed El-Namrouti, Growing, in Spite of: The Story of the Islamic University of Gaza, 1977-2013, Helen Suzman Foundation, sd.
Des bombardements de l’armée israélienne endommagent l’UIG pour la première fois en 2006. Source : Site de l’UIG, 4 juillet 2006.
Durant des affrontements entre des militants du Hamas et du Fatah, une offensive de la garde présidentielle endommage des infrastructures de l’UIG le 2 février 2007.Un militant du Hamas monte la garde. Source : The Gainsville Sun, 2 février 2007.
Les laboratoires scientifiques et d’ingénierie endommagés par l’armée israélienne le 28 décembre 2008. Source : Publication sur la page Facebook de l’UIG, 15 mai 2009.
Des bombardements de l’armée israélienne endommagent l’Université islamique de Gaza le 2 août 2014. Source : Publication sur la page Facebook de l’UIG, 2 août 2014.
Vue aérienne du campus principal de l’UIG dans la ville de Gaza. Source : inconnue, 24 mai 2021.
L’administration centrale de l’UIG après reconstruction. Source : Page Facebook officielle de la municipalité de Gaza, 17 août 2023.

État du site actuel

  • Source : Site internet de l’Université islamique de Gaza.
  • Dates des derniers dommages : 9 octobre 2023, 11 octobre 2023, 8 décembre 2023, 18 janvier 2024.
  • Cause des dommages : attaque aérienne de l’armée israélienne revendiquée par celle-ci.
  • Nature des dommages : destruction quasi-totale.

Sources iconographiques après le 7 octobre 2023

Capture d’écran d’une vidéo de l’armée israélienne revendiquant ses bombardements de l’UIG. Source : Compte YouTube officiel « Israel Defense Forces », 11 octobre 2023 (en ligne, consulté le 26 décembre 2024).
État des dommages causés au bâtiment de l’administration centrale de l’UIG. Photo : Agence France-Presse, 15 février 2024.
Des bâtiments de l’UIG endommagés ou détruits par l’armée israélienne. Photo : ©Omar Alqataa, 15 février 2024.

Préservation, sauvegarde, restauration prévue ou en cours

Campagne de financement participatif « Together for Higher Education Resilience » lancée le 18 décembre 2024 par l’UIG avec pour objectif d’assurer la continuité des enseignements de l’Université dans des tentes éducatives munies de panneaux solaires et en ligne, d’améliorer à cet effet les structures informatiques, de soutenir financièrement le personnel et de fournir du soutien psychologique aux étudiants et au personnel de l’UIG.

Affiche de la campagne de financement participatif. Source : « Together for Higher Education Resilience », 18 décembre 2024
(consulté le 26 décembre 2024).

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Laura Orban (10 février 2025). n° 099 – Université islamique de Gaza. Gaza, inventaire d’un patrimoine bombardé. Consulté le 23 mai 2025 à l’adresse https://gazahistoire.hypotheses.org/4602


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